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FOURRURES ET CAMPS
C.Abours de Peynier (13)
Mars 2005
  Les cérémonies de commémoration de la libération des camps d’extermination d’Auschwitz Birkenau ont montré nombre de participants vêtus de manteaux et toques en fourrure.
Certes, la rigueur de l’hiver dans les pays de l’Est exige d’être très chaudement couvert.
Et les survivants des camps, âgés, et bien sûr très fragilisés par les séquelles des conditions de détention épouvantables, se devaient d’être emmitouflés.
Mais, il est extrêmement choquant de constater que ceux-là même qui ont souffert de la barbarie la plus ignoble, et/ou qui l’ont dénoncée et condamnée – à juste titre- ne s’interrogent pas pour la plupart sur le sort et les conditions de vie-de mort, que les humains réservent aux autres espèces.
La souffrance est égale et l’horreur identique, qu’il s’agisse d’un être humain ou d’un animal : nous sommes tous des êtres vivants.
N’est-il pas inquiétant que ceux qui ont tant et tant souffert ne montrent pas plus de compassion, voire de réflexion ? Toutes les barbaries se valent, qui concernent des êtres sensibles ayant une capacité à souffrir.
Il ne s’agit pas ici d’expérimentations sur les animaux , ou d’élevage, sujets qui nous entraîneraient vers un débat sur l’Utilité(opinion à débattre : aucun acte de cruauté sur un être vivant n’est justifiable, même s’il est « bénéfique » pour l’être humain), mais de fourrure qui, semble- t’il, est simplement destinée à protéger diverses espèces animales des agressions thermiques et qui, dans nos sociétés occidentales est encore considérée comme un accessoire de mode, synonyme de luxe et de chic, voire de réussite sociale. Pourtant, nous avons aujourd’hui les moyens de nous vêtir autrement , sans avoir froid.
Malgré un infini respect pour les gens, quels qu’ils soient, d’où qu’ils viennent ,qui ont souffert d’une des périodes les plus noires de l’Histoire ainsi que pour tous ceux qui ont lutté et luttent encore contre toutes formes de fascisme, de racisme et d’intolérance, on peut affirmer qu’électrocuter des animaux, les pendre, les assommer, les saigner après des semaines de captivité sont des actes barbares, cruels, indignes et condamnables au même titre que ceux perpétrés sur des humains par des humains…

 

  Et, il est indéniable que tant que l’espèce humaine ne l’aura pas compris, il manquera à son humanitude une dimension essentielle…
     
    Extrait de « Les yeux ouverts » de MargueriteYourcenar- Entretiens avec Matthieu Galley_- 1993 – Livre de poche.
 


La première idée qu'on s'en est faite en France remonte à une lettre que j'ai publiée dans Le Monde, je crois, au sujet du massacre des phoques. En réalité, ma participation constante à ce genre d'efforts a commencé beaucoup plus tôt, mais le massacre des phoques nouveau-nés a justement frappé l'imagination des masses. C'est devenu l'un des symboles de notre brutalité envers la nature, pour des raisons futiles et indéfendables. On voit les profiteurs de ces atrocités : quelques compagnies canadiennes et norvégiennes, opérant autour de Saint-Pierre-et-Miquelon, de Terre-Neuve et dans le Labrador — depuis qu'heureusement la baie de Fundy a été close aux bouchers; quelques compagnies américaines, dans les Pribiloff, vendant aux femmes et quelquefois aux hommes des jaquettes de fourrure qu'ils ne devraient pas acheter, ou d'horribles babioles représentant des petits trolls, des petits animaux plus ou moins comiques, faits d'une touffe de fourrure des bêtes massacrées; il paraît aussi que l'huile de phoque dénaturée entre comme crypto-élément dans certaines margarines. On nous dit que la population locale, quiva assommer les phoques nouveau-nés sur la glace, et parfois les écorche et les découpe à demi vivants (les bêtes épouvantées « font le mort » comme on sait), a besoin de ces sanglants profits pour vivre; qu'on lui trouve donc d'autres industries locales non polluantes : on n'a pas le droit de combiner les maux de l'âge atomique et la sauvagerie de l'âge de la pierre. Nous avons au moins réussi à ce que ni l'Italie, ni l'Allemagne, ni la Hollande n'achètent désormais de fourrures de phoques, et j'espère que la même chose se fera en France, si ce n'est déjà fait. Je trouve atroce d'avoir à penser chaque année, vers la fin de l'hiver, au moment où les mères phoques mettent bas sur la banquise, que ce grand travail naturel s'accomplit au profit d'immédiats massacres, tout comme je ne nourris pas les tourterelles dans mon bois sans penser que soixante millions d'entre elles tomberont cet automne sous les coups des chasseurs. Il faut « limiter la prolifération des espèces », comme disent les gens qui ne songent jamais à limiter la leur. Jusqu'à un certain point, nous sommes tous d'accord, mais je songe aux millions de pigeons migrateurs (passenger pigeons) qui couvraient de leur vol le ciel des Etats-Unis : c'est une espèce aujourd'hui éteinte, dont il ne subsiste qu'un misérable spécimen empaillé, dans un musée de la Nouvelle-Angleterre, le reste s'étant changé en fricassées et en plumes de chapeaux..

Je me dis souvent que si nous n'avions pas accepté, depuis des générations, de voir étouffer les animaux dans des wagons à bestiaux, ou s'y briser les pattes comme il arrive à tant de vaches ou de chevaux, envoyés à l'abattoir dans des conditions absolument inhumaines, personne, pas même les soldats chargés de les convoyer, n'aurait supporté les wagons plombés des années 1940-1945. Si nous étions capables d'entendre le hurlement des bêtes prises à la trappe (toujours pour leurs fourrures) et se rongeant les pattes pour essayer d'échapper, nous ferions sans doute plus attention à l'immense et dérisoire détresse des prisonniers de droit commun — dérisoire parce qu'elle va à l'encontre du but, qui serait de les améliorer, de les rééduquer, de faire d'eux des êtres humains. Et sous les splendides couleurs de l'automne, quand je vois sortir de sa voiture, à la lisière d'un bois pour s'épargner la peine de marcher,
un individu chaudement enveloppé dans un vêtement imperméable, avec une « pint » de whisky dans la poche du pantalon et une carabine à lunette pour mieux épier les animaux dont il rapportera le soir la dépouille sanglante, attachée sur son capot, je nie dis que ce brave homme, peut-être bon mari, bon père ou bon fils, se prépare sans le savoir aux « Mylaï » de l'avenir(1). En tout cas, ce n'est plus un homo sapiens.


    (1) Mylaï est un village vietnamien dont la population fut massacrée par un détachement américain, nouvelle qui éclata à retardement et fit quelque temps scandale
     

 
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