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S'interroger sur l'alimentation
déclenche beaucoup de questions sur le rapport intime
de notre société avec "la bouffe",
la vache folle, les poulets à la dioxine, le
risque des ogm, les problèmes de listériose,
de salmonellose, etc
Autant de crises non résolues
qui mettent en avant l'insécurité alimentaire
alors que, paradoxalement les normes européennes resserrent
l'étau en matière d'hygiène, mettant
en péril des savoir-faire ancestraux, comme la fabrication
des fromages au lait cru faisant le délice de nos palais
mais désormais pointés du doigt.
Nous, consommatrices et consommateurs sommes perdus dans ce
dédale fort complexe.
On voudrait manger mieux, voire différemment
mais qui croire, à qui donner notre confiance ?
Sur nos marchés locaux, (pour ceux qui ont le privilège
de pouvoir s'y rendre) bien sûr nous connaissons quelques
petits producteurs sympas, avec qui nous entretenons une relation
humaine et nous apprécions au fil du temps ce qu'ils
nous proposent de manière " affective "
Mais à bien y regarder on n'est sûr de rien.
Que mettent-ils dans leur terre, comment soignent ils leurs
arbres et si jamais ils traitent, quelles doses utilisent-ils
et de quel produit ? Aucun contrôle n'existe.
Pire encore, comment s'assurer de la qualité des produits
de grandes surfaces dont le seul objectif, avoué, est
d'accroître leur profit, de réaliser des bénéfices
énormes en étranglant leurs fournisseurs par
un ensemble d'exigences ( plus de 500 au total !) , poussant
ces derniers à participer financièrement toujours
plus jusqu'à ce que ; coincés dans cet engrenage,
ils baissent la qualité de leurs produits pour pouvoir
s'en sortir.
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Comment effacer le doute
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DEFINITION D'UN LABEL |
Responsable
éditoriale :
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MJ. Odella
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Un label est un signe officiel pour
identifier une qualité. L'obtention d'un label
suppose une démarche des acteurs de la filière,
producteurs, transformateurs, en accord avec un cahier des
charges et distributeurs.
En France, il y a 4 signes officiels d'identification :
AB pour l'agriculture biologique, l'AOC, le Label Rouge
et la certification de conformité.
On retrouve les plus connus, le Label
Rouge, les AOC sur certaines viandes et fromages ou les
vins. Un vin classé en AOC ou une production de poulet
Label Rouge, par exemple , s'ils sont par définition
meilleurs ( rendement contrôlé, terroir défini)
que ceux qui en sont privés, ne remettent pas en
cause le mode de production agricole.
Ce qui n'est pas le cas du label AB. Il couvre les
produits issus d'une agriculture qui a ses exigences.
L'agriculture biologique se doit de respecter un cahier
des charges excluant tous produits chimiques de synthèse
et bien évidemment les ogm. Mais cette définition
nous semble fort réductrice. Beaucoup de producteurs
bio s'inscrivent dans une démarche globale de préservation
des ressources, de respect du vivant (animaux et humains)pour
sauvegarder la planète et tenter d'établir
un commerce équitable avec les pays pauvres
Ce n'est pas simple. Pendant les temps d'incertitude on
a assisté à un retour vers la bio, dans une
réaction de peur. Une réaction de ce type,
si elle n'est pas basée sur une véritable
réflexion, voire une prise de conscience, ne dure
pas dans le temps, n'a de valeur qu'éphémère.
Mais les grands capitaines de l'agroalimentaire ont depuis
longtemps senti le vent. Le créneau AB devenait intéressant
et le hyper (y perdent rien
) et supermarchés
ont mis en place des stratégies pour le récupérer.
Le bio en grande surface, enfin à la portée
de tous. Joli rêve. !!
Qu'en est-il exactement ?
Revenons au label.
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LE LABEL AB (1)
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(1) Le labe européen EU est
rarement utilisé. |
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(2) Institut National de la Propriété
Industrielle |
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(3) Apca (chambres d'agriculture),
Fnab (fédération agr.bio) et Setrab (organisme
professionnel des distributeurs grossistes et transformateurs
de la bio) |
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Ce label , c'est avant tout une histoire
humaine.
Après l'ère des pionniers
visionnaires qu'on traitait de doux rêveurs et qui
faisaient sourire, sont venues les années 80 où
la bio devenait enfin crédible. Les paysans bio en
accord avec les transformateurs et les distributeurs mettaient
en place une éthique et voulaient que les consommateurs
puissent reconnaître leur travail .
De là est née l'idée d'un logo permettant
à tout un chacun d'identifier un produit bio avec
l'assurance que 95% des ingrédients y sont bio.
L'histoire était belle mais voilà le Ministère
de L'Agriculture et de la Pêche décidant en
1997 de s'approprier la marque AB, devient propriété
de l'Etat et comme telle déposée à
l'INPI .
Une Agence Bio est créée avec des acteurs
bio. Le programme est alléchant : le ministre Glavany
fixe des objectifs pour donner un coup de pouce à
cette agriculture. Enfin ! Beaucoup y croient, c'est qu'ils
ont tant donné pendant des années et souvent
seuls contre tous/
Mais l'argent reste le nerf de la guerre, les Pouvoirs Publics
sont les plus gros financeurs de cette Agence. Ils décident
donc de " marchandiser "" la marque. On la
relooke, les technocrates créent une charte graphique
(d'ailleurs difficile à appliquer sur de petites
étiquettes)
Comme le logo peut rapporter gros, il devient payant. Logique
!
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Les conséquence sont
édifiantes :
1. Les acteurs de la bio, ceux de la première heure,
ceux qui au quotidien se sont battus pour que ce logo soit
synonyme de qualité et qu'ils ont contribué
à créer, se retrouvent taxés ! Le coût
des certifications passent du simple au double, voire au triple.
Les petits producteurs et transformateurs se trouvent pénalisés.
2. Les grands industriels s'engouffrent dans ce créneau
et achètent l'AB pour l'apposer sur leurs produits
redorant le blason de leurs marques , comme on achète
une licence d'utilisation. Il n'y a dans leur démarche
aucune éthique, seulement l'acquisition de nouvelles
parts de marché.
- comment distinguer
alors, s'ils portent tous les deux le fameux logo AB,
un produit fermier de Haute Provence , élevé
par un petit producteur sur son terroir selon une charte précise
et respectueuse de la nature, avec un produit industriel fait
avec des matières premières importées,
transformé en Espagne ou en Italie ?
3. Enfin, on ne peut obtenir ce logo, si la matière
première n'est pas cultivée en Europe lorsque
cette culture est possible, même si le produit fini
lui est garanti biologique. C'est le cas des protéines
de soja fabriquées en France avec du soja brésilien,
sans ogm, rigoureusement certifié par ailleurs, parce
que le Sud-Ouest ne peut fournir ce soja particulier dit à
chaîne protéique longue.
Donc, des producteurs , souvent petits, refusent de payer
pour l'avoir, et on les comprend.. Leur démarche est
à l'opposé de la grande distribution.
En conséquence, un produit sans le logo Ab mais certifié
par ailleurs peut être vraiment de qualité biologique
et inversement un produit avec le logo AB n' a pas forcément
une bonne valeur biologique
Le consommateur ne s'y retrouve pas, ce logo ne veut plus
rien dire en terme de qualité, il ne peut plus être
une référence. Le AB est dévalorisé.
Là réside le problème : si seuls les
gros propriétaires peuvent se payer le logo, il y a
danger, c'est comme s'ils s'arrogeaient une appellation.
Comme l'Etat n'assume pas gratuitement
le contrôle et la certification, il les confie à
des organismes privés. Et si le logo perd de sa notoriété,
il est évident que ces organismes risquent d'être
la seule reconnaissance de la qualité biologique
.
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COMMENT CHOISIR ? |
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Prenons le problème
à la base.
Quelle agriculture voulons-nous encourager par nos achats
?
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On nous en présente trois : |
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- l'AC ou agriculture conventionnelle
qui utilise force produits chimiques pour assurer des
rendements et qui a les effets désastreux que l'on
sait sur la santé des hommes et de la terre, en
épuisant les sols.
- l'AR ou agriculture raisonnée
créée par la FARE concrétisée
par Décret (JO du 28 avril 2002), qui se veut donc
raisonnable, sous-entendant qu'elle ne l'était
pas jusqu'à maintenant, prônant l'utilisation
raisonnée de produits chimiques de synthèse.
Raisonnée ou non, un produit chimique reste chimique,
d'autant que l'agriculture intensive n'est pas remise
en cause, ni les ogm. En raisonnant un peu, cette nouvelle
agriculture apparaît un peu moins pire mais sans
aucune réflexion écologique profonde. Mais
c'est la même manière de travailler, (des
agriculteurs comme des éleveurs) les produits utilisés
restent les mêmes. Mais les acteurs s'engagent à
mettre par écrit les quantités utilisées
! Cela ressemble à un bricolage douteux dans une
ambiance de respect de l'environnement !!! pourquoi ?
, qui sait ?, entraver la marche en avant de la bio. ?
- l'AB ou agriculture biologique.
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Une étude scientifique
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Le professeur Joyeux, cancérologue, a présenté
le résultat de ses travaux en décembre 2000.
Il a été le premier à réaliser
une grande étude sur la valeur nutritionnelle des
aliments selon les 3 méthodes de culture ci-dessus.
Cette étude s'est réalisée sous l'égide
de l'INSERM avec un laboratoire au Centre Régional
anticancéreux du Languedoc-Roussillon.
20 aliments ont été testés avec, pour
chacun, 3 éléments positifs ( comme vitamines,
minéraux acides aminés, acides gras essentiels
)
et 3 éléments négatifs (comme pesticides,
insecticides, hormones dans les viandes ou les ufs.)
La conclusion est la suivante : pas de produit toxique
dans l'AB et les teneurs en oligo-éléments
y sont nettement supérieurs. La meilleure qualité
nutritionnelle est dans la bio.
Le professeur Joyeux
déclare que la bio a trente ans d'avance.
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A partir de là le choix est simple.
Si nous voulons de la qualité dans notre assiette,
il nous suffira de nous orienter vers des produits bio. Et
si nous hésitons sur la validité du logo AB,
nous avons d'autres alternatives.
Des producteurs vont plus loin en matière de qualité
que le cahier des charges officiel et obtiennent des marques
avec un cahier des charges plus strict, souvent reconnu à
l'exportation :
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- Nature et Progrès
- Demeter (agriculture biodynamique)
- S.I.M.P.L.E.S
- Biofranc
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DU
NOUVEAU |
On a désormais les logos
communautaires et AB sur les
vins et les aliments pour animaux. Ils
garantissent que 95% des produits sont issus d'un mode
de production biologique conformément à
la législation européenne.
La mention"agriculture biologique" et les
références de l'organisme certificateur
doivent figurer obligatoirement sur le produit.
Plus d'infos sur ww.agencebio.org
et www.printempsbio.com
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D'autres, comme Rapunzel, un des
pionniers du commerce équitable, (Mains dans la main)
se démarquent et appose un autre logo sur leurs produits
: un trapèze vert avec le mot bio écrit en jaune.
Les tenants d'une agriculture respectueuse seront toujours
là et avec un peu d'habitude, il est facile de savoir
où les trouver et quoi choisir.
Des solutions existent. Un peu partout, des agriculteurs proposent
des paniers hebdomadaires, qui varient au gré des saisons
: légumes, fruits frais et naturels.
Certes, il ne s'agit pas de déambuler entre des rayons
et d'acheter sans réfléchir, comme moutons de
Panurge, ce qui nous est mis sous le nez insidieusement et
c'est sûrement moins facile. Mais le jeu en vaut la
chandelle.
Au bout, il y a simplement le plaisir de retrouver une nourriture
non seulement saine mais pleine de saveurs, et qui préserve
la terre et les hommes dans un accord retrouvé, un
héritage à transmettre tant que nous le pouvons
encore.
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N'est-ce pas là
un enjeu d'importance ?
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